CONFERENCE DE PRESSE DU JEUDI 21 JANVIER 2021
DECLARATION LIMINAIRE
Dans la matinée du mercredi 20 janvier 2021, les locaux de la STT ont été violés par une escouade composée d’une douzaine de gendarmes de la SCRIC. En effet, alors que la coordinatrice de la STT, Mme LAWSON-NADOU assistée par le camarade Gilbert DOGBEVI, membre de la FESEN, était entrain de s’entretenir avec trois des responsables du Syndicat des Enseignants du Togo (SET), ce détachement de gendarmes a fait irruption dans la salle de réunion et a interpellé sans ménagement les quatre camarades bousculant au passage la camarade Coordinatrice qui essayait de s’interposer.
I. DE LA QUALIFICATION DES FAITS
Nul n’ignore que depuis cette rentrée scolaire 2020-2021, l’atmosphère était plus ou moins tendue dans le monde scolaire autour de l’interprétation du contenu du ‘’PA’’ entendu « Protocole d’Accord ». Pour juguler cette grogne et ramener la sérénité au sein de ce corps, les centrales syndicales dont la STT, ont été mises à contribution par le Gouvernement. C’est dans cette dynamique que la STT, fidèle à sa mission de défense des droits des travailleurs à quelque bord qu’ils appartiennent, s’est portée volontaire pour jouer la médiation entre le Gouvernement et les membres du bureau de la SET, contraints de rentrer en clandestinité après l’arrestation musclée et nocturne de certains de ses membres.
L’offre de médiation a trouvé un écho favorable auprès du ministre de tutelle, M. le Ministre des Enseignements primaire et secondaire. Celui-ci a expliqué que les responsables du SET étaient recherchés et poursuivis pour faux et usage de faux en écriture pour n’avoir pas tenue dans les formes requises leur assemblée constitutive et d’avoir produit à cet effet au ministère de l’administration territoriale des listes de présence à un congrès virtuel dont les signataires ne s’y reconnaissaient pas. La Coordinatrice a convenu que si les faits allégués étaient fondés, il y avait manifestement faute ; mais elle a déploré que le mode d’interpellation utilisé par la gendarmerie ne respecte pas le cadre légal. Elle a donc plaidé pour un apaisement et a demandé et obtenu auprès du ministre que les poursuites soient suspendues afin de lui permettre d’entrer en contact avec les intéressés pour entendre leur version des faits et faciliter ainsi le règlement à l’amiable du problème. Dont acte !
C’est donc en toute confiance et sérénité que les trois responsables sont sorties de leur refuge pour venir conférer avec la Coordinatrice de la STT. La suite, vous la connaissez.
II. DE L’INTRUSION ILLICITE DANS LES LOCAUX DE LA STT
Les gendarmes n’ont présenté aucun ordre de perquisition, ni montré aucun ordre d’amener des personnes arrêtées. Si cela avait été le cas, ils n’auraient pas embarqué le camarade DOGBEVI, un pauvre innocent, qui avait été appelé par la Coordinatrice pour l’assister à cet entretien en tant que membre de la FESEN. En d’autres termes, seules les personnes activement recherchées auraient dues être interpellées.
Par ailleurs, quinze minutes après leur départ, les gendarmes sont revenus sur leurs pas pour confisquer les deux téléphones portables et l’ordinateur portable de la Coordinatrice Générale au motif des besoins de l’enquête. Cet acte porterait à croire que la STT s’est rendue complice des actes présumés délictueux des membres du SET qui n’est pas un syndicat rallié à la STT et dont les leaders sont parfaitement inconnus de ses premiers responsables. C’est après moult recherches et après avoir donné des gages de bonne foi qu’ils sont sortis de leur clandestinité pour cette rencontre fatidique.
III. DES CONCLUSIONS
Au regard de tout ce qui précède, il convient d’en tirer les conclusions suivantes :
⮚ Le Gouvernement à travers le ministre des Enseignements primaire et secondaire n’a pas su tenir à son engagement de suspendre les poursuites contre les leaders du SET pour faciliter la médiation de la STT. De ce fait, il parait aux yeux des victimes et de l’opinion publique que la STT s’est liguée avec les autorités de l’Education nationale pour piéger les responsables du SET et faciliter leur capture. Cette impression qui a fait le tour des réseaux sociaux est fausse et la STT qui s’est toujours battue sans duplicité, aux côtés des travailleurs, dément fortement toute connivence de quelques formes que ce soit, ni avec le Ministre des Enseignements Primaire et Secondaire, ni avec les responsables du SET.
⮚ Par ailleurs, la STT déplore et condamne l’intrusion illégale des forces de sécurité dans son espace syndical, sans aucun mandat. Elle s’inquiète de cette dérive qui semble inaugurer une nouvelle ère de violations et de restrictions des droits et libertés syndicales.
Aussi, la STT demande-t-elle au Gouvernement, d’agir au plus vite pour ramener la paix et la sérénité en ordonnant sans délai et sans conditions, la libération immédiate de tous les travailleurs embastillés et d’œuvrer de concert avec tous les acteurs du monde éducatif au retour au calme et au dialogue.
Elle exige la restitution immédiate du matériel emporté par les gendarmes.
La STT va porter plainte contre la SCRIC, pour violation de propriété privée et violences volontaires sur la personne de sa Coordinatrice Générale.
La STT lance enfin un appel à tous les travailleurs et aux autres organisations syndicales sœurs de se tenir prêts pour défendre âprement les droits et les libertés syndicales acquises de haute lutte au prix de la sueur et du sang des pionniers du syndicalisme.
Fait à Lomé, le 21 janvier 2021,
LA COORDINATION DE LA STT